La pédagogie de projet n’est pas nouvelle, mais elle revient au goût du jour depuis plusieurs années. En effet, elle permet de ne pas cloisonner les apprentissages et de leur donner du sens. Marie Avisou est enseignante depuis 17 ans. Passionnée par sa profession, elle n’hésite pas à remettre en question sa pratique afin de l’adapter à ses élèves. Elle partage aujourd’hui avec nous son expérience de la pédagogie de projet.
C’est quoi la pédagogie de projet ?
Travailler à l’école en mettant en place des projets consiste à faire acquérir les compétences du programme à travers des activités concrètes qui répondent au désir d’apprentissage des élèves. L’éducation se veut donc plus pragmatique, elle part davantage des centres d’intérêt des élèves et de leur vie quotidienne.
Cette approche concrète permet de donner du sens aux apprentissages, car elle s’installe dans le temps et dans les espaces (classe, école, maison). Souvent, je choisis un gros projet qui sera le fil conducteur sur une année scolaire entière (mais on peut aussi réaliser un projet par période pour débuter).
Par exemple, le projet mené cette année au sein de mon école de 6 classes est le jardin à l’école. En effet, lors de l’élaboration du projet d’école, nous cherchions un projet qui pouvait fédérer l’école entière (des petites sections au CM2). Nous sommes parties sur cette idée de jardin, car un travail pour repenser les espaces au sein de l’école avait été entamé l’année précédente. Le tout s’inscrivant dans notre volonté d’engagement dans le développement durable. Notre école poursuit des actions autour d’un label éducation nationale, le label E3D (École en Démarche de Développement Durable) depuis 5 maintenant.
Une fois l’idée trouvée, il faut réfléchir à comment relier les différentes disciplines scolaires et compétences du programme à travailler. Généralement, je crée une carte mentale qui évolue tout au long de l’année.
>> En savoir plus sur le label E3D et la pédagogie par la nature
L’interdisciplinarité au cœur de la pédagogie de projet
Les projets permettent l’interdisciplinarité. À travers ce projet jardin, nous travaillons en classe plusieurs disciplines :
- Sciences : la germination des graines, les besoins des plantes, le cycle de vie des poules, fabrication d’objets techniques…
- Géographie : il existe dans les programmes toute une partie sur consommer en France, habiter un écoquartier…
- Arts : croquer des fleurs, réaliser des affiches, étude des jardins en histoire des arts, participation à la Grande Lessive…
- Anglais : réaliser une salade de fruits, nommer les aliments…
- Mathématiques : travailler les mesures, le plan, les durées…
- Français : rédaction de comptes-rendus de sorties, d’activités.
Bientôt, nous allons réaliser un flyer à destination des familles et des habitants du quartier pour trouver des bénévoles pour s’occuper du jardin pendant l’été. L’idée est de partager cet espace. Les habitants du quartier pourront venir s’occuper des légumes, arroser, désherber et en échange, ils pourront se servir. Ce jardin deviendrait donc une sorte de jardin partagé, communautaire.
Une pédagogie riche en expériences
Un autre avantage de cette pédagogie est que l’on ne s’enferme pas dans un carcan. Toute proposition, visite, exposition, partenaires extérieurs sont autant d’occasions qui viennent enrichir le projet, l’idée de départ.
Par exemple, nous avons inscrit l’école au concours « Le meilleur potager de France » impulsé par l’association Landestini. Les 130 élèves y participent. Cela crée une émulation au sein de l’école et de l’équipe enseignante. Pour mener à bien ce projet, il a fallu interpeller l’intercommunalité et ses différents services. Les familles également sont mises à contribution : dons de graines, achat ou fabrication de nichoirs, prêt de matériel pour notre élevage de poussins, participation sur le tri des déchets et notre concours autour du composteur…
L’enthousiasme engendré par ce projet est grandissant et stimulant et c’est un vrai moteur pour notre école. Je suis certaine que nos élèves se souviendront longtemps de cette année car ils auront expérimenté, été acteurs de leurs apprentissages, mis leurs sens en éveil.
Maria Montessori disait à propos de l’éducation sensorielle : « Les sens sont les organes de préhension des images du monde extérieur, nécessaires à l’intelligence, comme la main est un organe de préhension des choses matérielles nécessaires au corps. »
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