Aller vers l’autodétermination, c’est le résultat d’un énorme travail entre la première personne concernée et son entourage, les professionnels et les associations. C’est pour cela que Hop’Toys a souhaité donner la parole à Amandine Bodez, monitrice éducatrice pour Trisomie 21 France afin qu’elle nous parle de son quotidien et de son engagement pour les autres, notamment auprès de Clément Rommel, jeune adulte avec la trisomie 21 qu’elle accompagne à être autodéterminé.
Interview à découvrir et à partager sans modération !
Présentez-vous
Je suis Amandine Bodez, j’ai 35 ans et je suis monitrice éducatrice au Service d’Accompagnement à la Vie Sociale (SAVS).
En quoi consiste votre métier ?
Je suis monitrice éducatrice en Flandre Maritime pour Trisomie 21 France depuis bientôt deux ans. L’équipe dans laquelle je travaille accompagne des adultes avec une trisomie 21 ou une déficience intellectuelle. Le SAVS a la spécificité de favoriser l’inclusion des personnes en milieu ordinaire et de les accompagner dans des domaines très variés (logement, santé, scolarité/formation/emploi, loisirs, citoyenneté…).
Pourquoi avez-vous choisi ce métier ?
Depuis que je suis adolescente, je sais que je veux faire un métier pour aider les autres. Je suis allée à l’école dans la ville de Villeneuve d’Ascq. C’est une ville où la diversité et l’inclusion sont très importantes. J’ai grandi avec des enfants et des jeunes très différents. Avant de travailler au SAVS, j’ai travaillé dans les domaines du social et du handicap. Je suis diplômée Aide Médico Psychologique (AMP) et monitrice éducatrice depuis 11 ans maintenant. J’ai travaillé avec : des personnes âgées, des enfants et des adultes en situation de handicap, de polyhandicap en IME, (institut médico-éducatif) en SAJ (service d’accueil de jour) et en foyer de vie. Ainsi que pour des femmes, des hommes, des familles en danger qui n’ont plus de logement.
Qu’est-ce que vous aimez le plus dans votre travail ?
Ce que j’aime le plus dans mon travail c’est qu’il change tous les jours. Je peux parler de la trisomie 21 et de la déficience intellectuelle avec les élèves dans un lycée. Et aussi, je vais aider des adultes pour que seuls, ils sachent :
- parler en public
- prendre le bus
- faire les courses et le repas
- prendre un rendez-vous
- organiser une sortie entre ami(e)s…
Nous avons eu la chance de rencontrer Clément Rommel lors d’une interview. Comment l’accompagnez-vous dans son quotidien ?
J’accompagne Clément pour des domaines très différents : le logement, l’emploi, l’autoreprésentation. Clément est très autonome. Je le vois tous les 15 jours, au SAVS ou chez lui. Parfois, je le vois plus souvent quand il participe à des projets spécifiques. Je peux l’accompagner par exemple pour : revoir le planning des activités liées à son logement/apprendre à faire seul certaines démarches administratives, rencontrer son employeur pour discuter des formations possibles, préparer des interventions pour parler en public seul ou en duo…
Clément Rommel, dans son appartement, en autonomie.
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Le chemin vers l’autonomie et l’autodétermination est le fruit de beaucoup de travail. Quels sont ou ont été les défis ou points les plus difficiles à travailler pour accompagner Clément ?
C’est difficile pour moi de vous en parler car je n’étais pas présente à cette époque. C’est surtout Clément, ses parents, sa famille qui ont mené le travail le plus difficile puisque quotidien. Mais aussi mes collègues du SESSAD et du SAVS qui étaient présents à cette période. Clément est quelqu’un de très volontaire et qui ne baisse pas facilement les bras. Dans notre travail, nous questionnons toujours Clément et les adultes sur ce qu’ils souhaitent, sur leurs envies. En fonction des difficultés de chacun, nous pouvons utiliser des outils en FALC (facile à lire et à comprendre), adaptés que l’on crée et choisit avec la personne (photo langages, pictogrammes…) qui vont aider à faire des choix mais aussi à prendre la parole pour parler seul de ce que l’on veut ou pas. Pour revenir à Clément, ce qui est difficile aujourd’hui, c’est de savoir dire non aux différentes demandes de participations aux projets qui lui sont faites afin que ce ne soit pas au détriment des choses du quotidien qu’il a à faire (courses, cuisine, ménage, loisirs…).
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Quels conseils donner à ceux qui nous lisent et qui sont encore en chemin vers l’autonomie ?
Le chemin vers l’autonomie peut être long mais il en vaut la peine ! Surtout lorsqu’on entend Clément dire qu’il adore sa vie aujourd’hui. Il faut répéter régulièrement les mêmes actions pour bien les connaître et les réaliser seul sans être en difficulté. Il faut beaucoup s’entrainer. On peut aussi s’entrainer en participant à la vie de la maison ou de l’endroit où l’on vit (ranger sa chambre, préparer le repas de temps en temps, passer l’aspirateur…). Il est intéressant de s’autoévaluer (je sais faire seul/ je fais avec de l’aide/ je ne sais pas faire), c’est-à-dire de faire le point sur ce que l’on sait déjà faire et de ce que l’on doit encore apprendre. Pour l’autodétermination, il est possible de commencer à faire des choix dès l’enfance : quels vêtements, quels loisirs… Pour les adultes, il existe un outil qui s’appelle : « c’est ma vie, je la choisis. » À travers, différentes questions, il permet d’apprendre à faire des choix et aide à choisir son projet de vie.
>> En savoir plus : c’est ma vie, je la choisis
Le rôle de l’aidant est souvent dans l’ombre mais pour autant fondamental. Quel posture adopter pour favoriser l’autonomie et l’autodétermination ? Comment se situer pour réussir à trouver avec finesse le bon équilibre entre « guide » tout en respectant les choix de la personne ?
C’est une bonne question. Faire un choix est difficile pour la personne mais il est important que l’enfant ou l’adulte puisse expérimenter par lui-même différentes situations. L’apprentissage passe aussi par là, notre rôle est de l’y accompagner en s’assurant qu’il ne se mette pas en grande difficulté.
Croyez-vous que les métiers de l’accompagnement ou le rôle d’aidant vont évoluer ?
Depuis quelques années déjà, le métier évolue en laissant majoritairement la place à l’adulte dans le choix des décisions qui le concernent. La personne accompagnée est un partenaire à part entière. Aussi, on travaille de plus en plus la pair-aidance. C’est-à dire qu’un adulte qui a des compétences particulières (vit seul dans un logement) va pouvoir partager son expérience avec un autre adulte qui est dans une situation presque pareille mais qui a besoin de conseils.
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Un grand merci à Amandine Bodez pour ses confidences sur son métier. Si vous aussi, une monitrice éducatrice comme Amandine vous aide ou aide votre enfant dans des tâches précises, n’hésitez pas à nous raconter votre expérience en commentaires !