Cette méthode de rééducation est appréciée de beaucoup de parents. Mais que propose réellement la méthode Cuevas-Medek? Et à qui se destine t’elle ? Des réponses apportées par une spécialiste, Océane Javaux, kinésithérapeute.

Océane, peux tu te présenter ?

Je m’appelle Océane JAVAUX, j’ai 26 ans, et je suis masseur-kinésithérapeute diplômée à l’école de Toulouse en 2011. Je travaille actuellement à Saint Orens De Gameville (au sud Ouest de Toulouse) avec deux collègues dans un cabinet de kinésithérapie spécialisé en pédiatrie, où je pratique exclusivement la méthode MEDEK.

Peux tu nous présenter ton métier de kinésithérapeute ?

La « masso-kinésithérapie » qui est par définition la thérapie, rééducation par le mouvement de la gestuelle humaine, est un métier qui m’a toujours passionné. Il s’agit de réaliser des actes thérapeutiques à des fins de rééducation dans le but de prévenir l’altération des capacités fonctionnelles, de concourir à leur maintien, et lorsqu’elles sont altérées de les rétablir ou d’y suppléer.

Lors des études, je me suis rendue compte que j’étais davantage intéressée par la pathologie, le handicap et la pédiatrie.

Ainsi, j’ai pendant mes trois premières années d’activité réalisé des remplacements dans les quatre coins de France ainsi que diverses formations.  Le but était de voir quelle méthode de travail et quel type de patientèle me convenaient le plus avant de
m’installer.

Pour quelles raisons es tu spécialisée dans la méthode Cuevas Medek ?

J’ai rencontré une petite fille, Enora (www.enorev.fr) atteinte de diplégie spastique, autrement dit syndrome de little en 2013. Les parents se sont intéressés à la méthode Medek et ont réalisé un stage sur Toulouse organisé chaque année par l’association Avance Avec Hermance avec la thérapeute Ester FINK qui vient de Toronto. J’ai donc profité de ce stage pour assister à quelques séances avec Enora.

Moi qui voulais me spécialiser en pédiatrie, j’ai de suite été convaincue par cette méthode, et suis donc allée me former deux fois au canada avec Ester Fink, en octobre 2013 puis en 2014.

Peux tu nous expliquer le principe et le fonctionnement de cette méthode ?

Cette méthode de rééducation a été crée par Ramon Cueva au Chili dans les années 1970.

L’hypothèse sur laquelle se base cette méthode est la possibilité qu’a le cerveau de contourner les lésions existantes pour créer de nouveaux câblages. On part du principe que puisque le cerveau est malléable, il peut continuer à se développer malgré les lésions existantes.

Ainsi, on va essayer avec la méthode MEDEK de provoquer l’apparition de la motricité qui devrait être automatique mais qui ne l’est pas du fait d’un handicap. Pour cela, on va exposer l’enfant à l’influence de la force de gravité, on va ainsi travailler le tonus et l’équilibre.

On commence alors un mouvement, et on attend une réponse automatique posturale et réflexe de l’enfant. On ne donne jamais de maintien à l’enfant, de soutien sur lequel il pourrait s’appuyer, et on le tient avec un appui de plus en plus distal (pour un travail debout, on tient initialement l’enfant au niveau des hanches, puis on descend au niveau des chevilles, des pieds, on ne tient qu’une cheville… jusqu’à la marche autonome si possible).

A qui se destine cette méthode de rééducation ?

Cette méthode de rééducation se destine à tous les enfants présentant un retard moteur, et dès 3 mois. Plus la méthode est commencée tôt, plus elle est efficace.

Comment se passent les séances avec les enfants ?

Les séances se passent dans la joie et la bonne humeur !

Chaque séance dure 45 minutes.

La première séance est le bilan : on va coter le niveau moteur de l’enfant de manière analytique grâce à 46 items, qui vont ensuite permettre de choisir les exercices les plus adaptés et de réaliser ainsi un protocole de rééducation.

Lors des séances suivant le bilan, je vais réaliser les exercices en fonction de ce que je souhaite travailler, je vais mettre en place mon protocole de rééducation : chaque exercice est réalisé 5 fois de chaque côté afin d’obtenir une réponse automatique de l’enfant.

Les parents ont également un protocole de rééducation à réaliser quotidiennement toujours dans le même principe, composé en moyenne de 8 exercices par jour a réaliser 5 fois chacun.

Je suis les enfants demeurant en Haute-Garonne de manière hebdomadaire : une ou plusieurs fois par semaine mais je réalise également des sessions intensives à raison de deux séances de 45 minutes par jour pour les enfants dont les parents habitent loin et n’ont pas de thérapeute MEDEK proche de chez eux. Ils repartent également avec un protocole de rééducation à faire à la maison et reviennent régulièrement réajuster le programme.

Quel est le matériel utilisé ?

Concernant le matériel : pour les enfants dont il faut travailler le tonus de la tête, du tronc et des membres supérieurs je travaille sur une table de massage, et pour les enfants avec qui il faut travailler debout j’utilise un kit MEDEK en bois composé de planches carrées, de caisses avec fentes, de plots.. afin de réaliser différents montages pour travailler l’équilibre.

Quelles sont les limites et les contre indications de cette méthode ?

Les contre indications via le site de Ramon Cuevas sont :

– les maladies dégénératives

– les maladies des os de verre

– les épilepsies, convulsions non contrôlées,

– et lorsque c’est pratiqué par un thérapeute non diplômé..

Cependant, je travaille avec beaucoup d’enfants épileptiques, les séances sont à adapter avec chaque enfant en fonction de la fatigue, du rythme de vie, des autres thérapies, etc.

Cette méthode est bien sur complémentaire des autres méthodes de rééducation, et a ses limites : je trouve qu’il manque un travail au niveau des membres supérieurs, de finesse et précision au niveau des mains par exemple, ainsi qu’un travail plus fonctionnel, d’adaptation dans la vie quotidienne et dans l’environnement de chaque enfant. Mais pour ça je laisse mes collègues s’en occuper !