Paul est un petit garçon de 4 ans avec TSA, scolarisé en classe ordinaire, dans la petite section de l’école maternelle de son quartier. Nous avons demandé à sa maman, à son enseignante et à son AVS de nous raconter un peu comment se passait pour Paul cette première année d’école. L’occasion pour elles de nous expliquer comment s’organise concrètement l’inclusion d’un enfant porteur de handicap en classe ordinaire… et de sensibiliser sur les améliorations à apporter pour permettre à l’école d’être, partout, vraiment inclusive.

Paul à l’école : le point de vue de Marion, sa maman

Paul est un petit garçon de 4 ans qui est rentré en petite section de maternelle au mois de septembre 2017. Il a une maladie rare due à une mutation de novo du gène FOXP1 entraînant un retard dans le langage, une déficience intellectuelle et des troubles du spectre autistique. Il est accompagné d’une AVS quatre matinées par semaine depuis son entrée à l’école.
Les après-midi Paul alterne entre la crèche, les soins en libéral chez l’orthophoniste et la kinésithérapeute et la prise en charge au CAMSP (Centre d’action médico-sociale précoce).

Paul en route pour l’école, comme son petit frère est en route pour la crèche.

Comment se sent Paul à l’école ?

Paul est un petit garçon qui produit des sons, vocalise peut émettre des mots mais qui ne parle pas à ce jour. On peut toutefois affirmer par son comportement qu’il est très heureux de venir à l’école et cela depuis le début de la rentrée scolaire. A aucun moment, il n’a manifesté une quelconque gêne, ni aucune contrariété pour aller à l’école. Il est toutefois très content quand on vient le chercher à 11h30, mais plus on avance dans le temps moins il est pressé d’en partir. Parfois, il se met en rang avec les autres enfants qui vont partir manger à la cantine.
Paul est connu à l’école car beaucoup d’enfant l’appellent quand il passe, même des enfants plus grands de l’école primaire située à côté de l’école maternelle.

Objectif premier : l’intégration

Depuis qu’il est tout petit Paul est habitué à la vie en collectivité car depuis ses 5 mois il est accueilli en crèche. Vers la 2e année, année lorsque ses troubles du comportement sont apparus plus problématiques, des difficultés se sont posées à la crèche qui l’accueillait ; Paul pouvait perturber le groupe lors des activités proposées.

Ma grande crainte était donc que peu de temps après la rentrée scolaire, l’école nous dise que Paul n’était pas fait pour être accueilli en milieu ordinaire.

Une dizaine de jours après la rentrée, une 1réunion a eu lieu avec l’équipe enseignante et cette crainte a disparu pour notre plus grand soulagement.

Notre souhait en tant que parent était tout d’abord que Paul puisse suivre l’année scolaire en milieu ordinaire avec l’AVS et, ensuite, qu’il puisse progresser au contact d’autres enfants et qu’il intègre les règles et rituels de la classe, comme participer au rassemblement du groupe, rester assis pendant que la maîtresse raconte l’histoire ou chante une chanson.
Qu’il acquière les apprentissages attendus à la fin de l’année n’est pas notre priorité actuelle.

 

Goûters d’anniversaire et sorties scolaires : Paul y a droit aussi !

L’objectif premier pour nous est l’intégration en milieu ordinaire et tant que cela sera possible avec une aide humaine nous maintiendrons ce choix car nous restons persuadés que c’est mieux pour notre enfant.
Paul accepte la relation et le contact avec les autres enfants qu’il recherche par des vocalises, des câlins, des sourires.
Paul a été invité à un goûter d’anniversaire qui s’est bien passé. La maîtresse et l’AVS ont remarqué d’avantage de connivence après cet anniversaire entre les enfants qui étaient invités.

paul anniversaire

Paul a participé en cours d’année à des sorties scolaires, dont une à la ferme et une autre à l’epicurium d’Avignon. En tant que parents on est très contents que Paul puisse participer à ces activités !

Nous espérons que Paul puisse développer ses centres d’intérêt au contact des enfants et par l’intermédiaire des apprentissages dispensés en classe car ils sont assez restreints.

Inclusion en milieu ordinaire ou UEM ?

Des classes en maternelle (UEM) commencent à se déployer sur le territoire pour les enfants porteurs de TSA ce qui est très positif car ces classes sont totalement adaptées aux besoins spécifiques des enfants TSA.
Cependant, tant que l’intégration se passe bien pour Paul, nous préférons privilégier l’intégration en classe ordinaire avec la présence d’une AVS et nous adaptons l’emploi du temps pour permettre à notre enfant de pouvoir bénéficier des soins dont il a besoin.

>> Lire aussi : Inclusion scolaire : des modèles inspirants

Ecole inclusive : la volonté et les moyens

Je suis tout à fait favorable à l’inclusion des enfants porteurs de handicaps en milieu ordinaire qui représente, je pense, une grande richesse autant pour les enfants porteurs de handicap que pour les autres enfant, cependant il faut bien avoir en tête que l’inclusion signifie que le milieu d’accueil doit s’adapter à l’enfant et donc il faut une réelle volonté d’accueillir la différence, préparer les structures à cette accueil et former a minima le personnel ce qui n’ est pas le cas encore en France. Les politiques actuelles à travers le Quatrième plan autisme proposent des orientations dans ce sens. Nous espérons que l’état mettra les moyens pour honorer ses objectifs.

>> Tout savoir sur le Quatrième plan autisme 

Paul à l’école : le point de vue de l’équipe pédagogique

Enseignante depuis 17 ans, j’ai travaillé auprès d’enfants de tous âges et de tous cycles, dans des écoles de centre-ville, de village ou bien classées en ZEP, REP et plus récemment REP+. Durant toutes ces années, j’ai bien entendu accueilli un certain nombre d’enfants avec un Projet Personnel de Scolarisation (PPS) et pour certains d’entre eux, trois exactement, il s’agissait d’enfants manifestant des Troubles du Spectre de l’Autisme (TSA).

J’ai appris la situation de Paul, dès son inscription puisque à cette occasion, j’ai pu le rencontrer et discuter avec ses parents. Bien informés, ceux-ci avaient déjà fait les démarches auprès de la MDPH afin que leur fils puisse avoir une AVS dès la rentrée scolaire, ce qui a grandement facilité son adaptation.

Comme à chaque fois lorsque qu’il y a un PPS, nous réunissons une équipe éducative avec tous les acteurs qui interviennent auprès de l’enfant : directrice, parents, enseignante, AVS, soignants, thérapeutes, rééducateurs, afin de mieux le connaître pour mieux l’accueillir et définir les objectifs de scolarisation de l’enfant, conformément aux programmes et à ses besoins. Dans le cas de Paul, la réactivité de ses parents a donc permis que l’on fasse cette réunion avant la rentrée, ce qui est particulièrement facilitateur, et ce pour tous les acteurs : de l’enfant  aux adultes qui interviennent auprès de lui à l’école : enseignante, ATSEM, AVS…

Le rôle de l’AVS est déterminant

Les objectifs définis, nous discutons avec  l’AVS des modalités pédagogiques pour permettre à l’enfant de progresser. Dans la mesure où les temps d’activités et d’apprentissage ne sont pas les mêmes pour les enfants TSA, le rôle de l’AVS est déterminant : elle va permettre une adaptation de l’école au plus près des besoins de l’enfant. Peut-être que tel jour, il acceptera une activité prévue mais peut-être qu’un autre, il ne l’acceptera pas, ce qui peut entraîner un malaise important chez l’enfant. Et bien grâce à la relation qu’elle a su tisser avec lui, grâce au travail d’équipe que nous menons chaque jour, l’AVS aide l’enfant et permet ainsi de rendre l’école plus flexible, de faire en sorte qu’elle s’adapte vraiment aux besoins de l’enfant et lui permette de progresser à son rythme et ce, en toute sérénité.

>> Pour aller plus loin, lire aussi « AVS/AESH, mieux connaître les besoins de mes élèves »  

Parler de la différence avec les autres enfants

Afin que les autres enfants ne stigmatisent pas Paul et en fassent leur copain, j’ai parlé de sa différence et de l’importance d’être gentil avec lui comme avec les autres, de l’aider… Les enfants l’ont bien compris et s’intéressent toujours à lui : en classe, lors de l’appel, lorsqu’il a besoin d’un câlin, pour lui donner son doudou, pour lui suggérer d’enlever sa tétine, lui donner la main dans le rang, courir avec lui…

En fait, c’est ça l’école inclusive : c’est une école où on vit ensemble, on apprend ensemble, on progresse ensemble, chacun à son rythme et ce, quelles que soient les différences.

>> Pour parler de l’autisme aux enfants, téléchargez notre P’tite expo sur l’autisme

Mais pour favoriser cette école inclusive, des éléments sont à améliorer.

  • L’information aux familles et aux personnels médicaux et paramédicaux, pour une prise en charge en amont, dès l’inscription de l’enfant à l’école afin de faciliter sa scolarisation,
  • La formation de tous les personnels de l’école : de l’AVS à l’enseignant en passant par les ATSEM pour la maternelle, pour accueillir et aider au mieux l’enfant,
  • Le statut d’AVS, pour pérenniser sa fonction et son accompagnement de l’enfant,
  • L’allègement des lourdeurs administratives pour raccourcir les délais et améliorer la prise en charge de l’enfant.

 

Concluons ce petit portrait de Paul à l’école sur ces mots de son copain de classe, Adam

Paul, moi je comprends tout ce qu’il me dit. Il me dit des secrets qu’on ne dit pas aux parents.

Vous aussi, vous voulez affirmer votre volonté d’une école plus inclusive et ouverte à tous ? Téléchargez notre affiche sur l’école inclusive et diffusez-là autour de vous pour faire avancer le combat ! 😉

Affichez votre volonté d'une école inclusive


Comprendre que les différences sont une chance, différencier ses pratiques pédagogiques pour permettre à chaque enfant de développer son potentiel, favoriser l'épanouissement et la progression de tous par des aménagements très simples, souligner l'importance des AVS, promouvoir des valeurs de coopération... des solutions existent pour rendre l'école inclusive.

C'est tout cela qu'Hop'Toys encourage à travers cette infographie à télécharger et diffuser largement autour de soi !

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