À l’occasion de la journée nationale de sensibilisation au trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité, (TDAH), qui va se dérouler dimanche 12 juin, (re)découvrez ci-dessous le portrait d’Arthur, passionné par la création de vidéos, étudiant et adulte ayant un TDAH.
Qui je suis
Je m’appelle Arthur et je suis étudiant et entrepreneur ayant un TDAH. On m’a diagnostiqué un TDAH (Trouble Déficitaire de l’Attention avec ou sans Hyperactivité) lorsque j’avais 15 ans. Aujourd’hui, j’ai 20 ans et je suis actuellement en seconde année de bachelor Web et Multimédia. Dans la vie, j’adore créer, et mettre en place de nouveaux projets. J’assouvis ce besoin en créant de nouveaux projets entrepreneuriaux. Pendant mon adolescence, je passais mes vacances à acheter des anciennes motos qui m’inspiraient. Je les regardais et j’imaginais ce que je voulais qu’elles deviennent visuellement. Ensuite, je les démontais complètement pour les customiser comme je le souhaitais. Je fais également beaucoup de sport, car c’est pour moi essentiel pour mon épanouissement.
>> À lire aussi : « Rencontre avec Elize Dulam, autiste Asperger »
L’annonce de mon diagnostic
J’ai appris que j’avais un TDAH au cours de ma quatrième année de collège. L’environnement familial dans lequel j’étais était anxiogène. Ce stress accentuait les symptômes du TDAH qui étaient, à cette période de ma vie, déjà bien présents. Mes parents ont donc décidé de m’emmener voir un spécialiste. Il m’a fait faire une série de tests et, après avoir discuté avec moi et mon entourage, il m’a diagnostiqué un TDAH.
Une fois que j’ai été diagnostiqué, j’ai eu deux réactions.
Dans un premier temps, j’ai été dans le déni face au diagnostic du TDAH. En effet, j’avais à ce moment-là très peu d’estime et de confiance en moi. Par conséquent, l’unique chose à laquelle j’inspirais était de me fondre dans la masse.
Accepter le diagnostic, c’était pour moi accepter de me considérer comme étant différent. Par conséquent, je n’ai pas voulu en entendre parler durant les trois premiers mois. Entre-temps, je m’étais mis à la musculation. Ce sport, qui est très stimulant d’un point de vue dopaminergique, m’a aidé sur plusieurs points.
J’ai pu développer ma confiance en soi et mon estime de soi. Cette meilleure estime de soi m’a permis de prendre du recul par rapport au regard des autres, et j’ai donc accepté le diagnostic, et un peu plus tard le traitement.
Les symptômes du TDAH étaient également moins handicapants.
>> À télécharger : « Le TDAH : le Trouble de l’Attention avec ou sans Hyperactivité ».
Mon parcours
Mon parcours scolaire a globalement été chaotique, car je n’avais pas d’objectifs. Je n’étais pas entouré de personnes qui faisaient un métier qui m’inspirait énormément. Par conséquent, je naviguais dans une direction, sans savoir pourquoi. Je suis devenu performant lorsque j’ai pu m’orienter dans une voie qui me passionnait.
Le collège
J’ai suivi un cursus scolaire normal. J’ai réalisé ma primaire ainsi qu’une grande partie de mon collège en école privée. Je n’appréciais pas du tout ce que je devais apprendre en cours, car je n’y voyais aucun intérêt à court terme. Ce désintérêt a eu pour conséquence que je ne travaillais absolument pas en dehors des cours. Je me reposais sur mes capacités et, chaque année, je passais en classe supérieure de justesse.
Arrivé en troisième, mes résultats scolaires n’étaient plus suffisants. J’ai dû redoubler pour espérer pouvoir être accepté dans un lycée l’année suivante. Ce redoublement n’a pas été utile, car le manque de travail n’était que la conséquence, pas la cause. Je n’avais aucun objectif à long terme et je n’avais donc aucune raison concrète de m’impliquer dans mes études.
Le lycée
J’ai finalement réussi à rentrer dans un lycée polyvalent en filière STI2D, qui correspond à une voie technologique, orienté en informatique. Cette filière m’a davantage permis d’allier théorie et pratique, mais cela n’était pas suffisant. En effet, mes résultats étaient relativement médiocres du début de mon lycée jusqu’à la fin.
Création de ma chaîne YouTube
Durant ma seconde année de troisième, je suis tombé sur des vidéastes qui expliquaient comment ils avaient créé leurs activités au service des autres. Je me suis senti inspiré par les personnages qu’ils étaient devenus, ainsi que par la valeur qu’ils apportaient au quotidien. J’ai instantanément pris conscience que je devais entreprendre pour m’en sortir.
J’ai alors créé L’éveil du TDAH, ce qui m’a permis de m’épanouir davantage dans mon quotidien. Ma chaîne YouTube a été créée dans le but d’aider les personnes ayant un TDAH, tout comme sur les autres réseaux sociaux. L’objectif premier de cette chaîne était de mettre en avant des professionnels en lien avec le TDAH ainsi que les personnes touchées par ce trouble pour faire un retour d’expérience.
J’avais enfin trouvé une activité qui me plaisait, qui apportait de la valeur aux autres et qui me donnait le sentiment d’être réellement utile. Cette activité s’est développée de mois en mois et a pris une place considérable durant ma dernière année de lycée. Par miracle, j’ai tout de même réussi à obtenir mon bac.
>> À lire aussi : Troubles DYS/TDAH : les comprendre, les accompagner
Les relations avec mes collaborateurs
Bien ! Dans mon entreprise, les personnes avec qui je collabore apprennent à me connaitre, et elles s’adaptent à mes particularités. J’ai la chance de travailler avec des collaborateurs compréhensifs. Cependant, je ne communique pas directement sur mon TDAH avec eux. En revanche, ils travaillent tous sur l’Éveil du TDAH et ils sont tous conscient que j’ai ce trouble. La personne qui transcrit mes vidéos écoute pendant des heures mes vidéos pour pouvoir les retranscrire. La personne qui monte les vidéos les écoutent également pour pouvoir les monter. Ainsi, ils se renseignent malgré eux sur ces différents besoins.
J’ai tendance à faire certaines erreurs d’inattention dans leurs domaines respectifs et ils y sont habitués. Par conséquent, ils veillent à ce que je ne fasse pas ces erreurs, ou ils me préviennent lorsque c’est le cas. Par exemple, si je programme une vidéo pour le mauvais jour, la personne qui monte mes vidéos me prévient. C’est un ensemble de petits intentions qui m’évite de nombreuses erreurs !
Les études supérieures
Le bac a été mon ticket d’entrée vers une école supérieure, orientée dans le web et le multimédia. J’ai décidé de poursuivre mes études dans une filière me permettant d’obtenir des connaissances, qui allaient me servir à court, moyen et long terme dans mon activité.
Actuellement, je valide mon bachelor (bac+3), en ayant une moyenne avoisinant les 17/20. L’environnement dans lequel j’ai réalisé mes études durant les 19 premières années de ma vie n’était pas adapté à ma façon de fonctionner. Ce changement d’environnement m’a permis de rajouter dix points sur ma moyenne, et m’a surtout permis de pleinement m’épanouir dans ce que je faisais.
>> À lire aussi : « 5 choses à savoir sur le TDAH »
Mes engagements associatifs
Je ne suis membre actif d’aucune association. La raison à cela est que le développement de mon activité occupe la majeure partie de mon temps. Par conséquent, je ne préfère pas m’éparpiller. Je me concentre pleinement sur ce que je considère comme étant essentiel pour moi.
En revanche, je suis membre d’honneur de l’association Oremis. Cette association a pour but d’aider les élèves aux besoins spécifiques en milieu scolaire et de sensibiliser face au harcèlement scolaire. Mon rôle en tant que membre d’honneur est de partager mes connaissances sur le TDAH aux différents membres de l’association lorsque cela est nécessaire.
De plus, je participe au développement de l’association Fou de Normandie, présidée par Christelle QUEANT. Ma participation dans cette association était auparavant technique, car je m’occupais de la partie design de celle-ci. Maintenant, mon rôle est d’apporter mon point de vue et mes conseils concernant son bon développement.
L’impact du TDAH sur ma vie familiale et professionnelle
En grandissant, les impacts du TDAH sur ma vie familiale et professionnelle sont de moins en moins importants. En effet, lorsqu’on prend de l’âge, la maturité et les responsabilités nous poussent à trouver des solutions pour limiter les impacts des symptômes du TDAH.
L’impact du TDAH sur ma vie familiale
Le TDAH a impacté auparavant ma vie familiale, lorsque je vivais encore avec mes deux parents. Maintenant, j’ai appris à me connaitre et j’ai appris à mieux gérer les symptômes du TDAH. Par conséquent, l’impact du TDAH sur ma famille est très limité. Évidemment, je reste humain et il m’arrive donc de réagir de manière impulsive. Mais heureusement, les conséquences liées à ces réactions impulsives sont très peu importantes.
>> À découvrir : TDAH & Parentalité
L’impact du TDAH sur ma vie professionnelle
Dans ma vie professionnelle, le TDAH a un impact qui n’est pas négligeable. En effet, l’organisation n’est pas mon point fort, mais j’utilise de nombreux outils pour compenser. J’ai souvent tendance à me lasser de quelque chose ou d’une activité. Heureusement, je peux depuis quelques mois me permettre de commencer à déléguer certaines tâches. Par exemple, j’ai beaucoup plus de mal qu’auparavant à rédiger mes articles. Par conséquent, j’ai maintenant une personne qui les rédige dans les grandes lignes, ce qui est un véritable soulagement pour moi.
Mes solutions, mes conseils
Le traitement m’a bien aidé, notamment durant mes dernières années de lycée. Vous pouvez mettre en place des outils qui vont vous permettre de pallier différentes particularités. Pour l’organisation, vous pouvez par exemple mettre en place des routines, un Bullet Journal, un tableau blanc pour détailler toutes les tâches que vous devez réaliser.
Pour le manque d’attention, vous pouvez vous procurer un casque antibruit, faire des séances de deep-work, utiliser des fidgets...
>> À lire aussi : « 4 super raisons de mettre en place des routines »
Mes 3 conseils clés pour d’autres personnes avec un TDAH
Ils seraient les suivants :
- Instruisez-vous sur le TDAH, pour mieux comprendre comment vous fonctionnez.
- Déterminez vos centres d’intérêt, et notamment ceux qui vous permettent d’exprimer votre créativité. Puis, demandez-vous comment vous pourriez les intégrer dans votre quotidien, pour que cela vous procure davantage de plaisir et donc plus d’épanouissement. Ensuite, si votre but est de partager aux autres des connaissances dans un domaine qui vous plaît, demandez-vous comment est-ce que vous pourriez enseigner aux autres les compétences que vous avez acquises grâce à votre centre d’intérêt.
- Définissez-vous un cadre. Nous avons besoin d’avoir une routine, un cadre qui va nous permettre de mieux nous organiser et de concrétiser nos projets. Vous devez donc en mettre un en place.
Mon avis pour améliorer la vie et l’inclusion des personnes en situation de handicap
Pour ma part, j’estime qu’une meilleure connaissance et reconnaissance de ces différents handicaps ainsi qu’une meilleure prise en charge garantirait une meilleure inclusion.
En effet, ces particularités sont encore peu reconnues en France, ce qui a pour conséquence de ne pas faire bouger les choses sur le plan scolaire, mais également dans le milieu du travail.
Je pense qu’une meilleure reconnaissance permettrait d’apporter une autre vision sur ces troubles, et notamment sur le TDAH. Les préjugés et idées reçues ont encore la peau dure, ce qui n’aide pas les personnes concernées à avoir une image positive d’elle-même.
S’engager en tant que personne concernée
Vous avez plusieurs façons de vous engager. Dans un premier temps, vous pouvez en parler autour de vous, que ce soit à votre famille, mais également à vos amis ou aux enseignants de vos enfants si vous en avez. De plus, vous pouvez, comme moi et bien d’autres personnes, utiliser vos connaissances, et/ou votre image pour les mettre au service de la cause que vous souhaitez mettre en lumière. Par exemple, vous pouvez créer un blog ou une chaine YouTube pour partager vos connaissances sur le sujet au plus grand nombre, et ainsi aider les personnes concernées.
>> À lire aussi : TDAH : Aménager son coin bureau
S’investir humainement et financièrement pour les associations
Les associations peuvent vivre et se développer grâce aux dons que vous leur faites. Il me semble essentiel de le prendre en compte, car, lorsqu’une association souhaite organiser un évènement (sur le TDAH par exemple), l’organisation de celui-ci va lui demander des ressources financières, que seuls ses membres sont en mesure de lui apporter. Le don aux associations est donc une autre façon de participer à la reconnaissance d’une cause, sans pour autant s’engager personnellement.
Ensuite, vous pouvez contribuer au développement d’une association en devenant un membre actif. Vous allez ainsi vous engager dans celle-ci en ayant un rôle précis.
Consommer auprès des acteurs qui partagent vos valeurs
Ce point me semble également essentiel. En effet, les associations ne sont pas les seules organisations à faire avancer les choses. Beaucoup de petites et moyennes entreprises agissent avec un objectif commun : pouvoir se consacrer à plein temps pour une cause qui leur est chère.
C’est par exemple mon cas, avec L’éveil du TDAH, qui a pour but d’aider les personnes ayant ce trouble à améliorer leurs quotidiens. Mais c’est également le cas d’Hop’Toys, qui a pour objectif de rendre notre société plus inclusive aux personnes neuroatypiques.
Le fait de consommer auprès des acteurs de la cause qu’on souhaite soutenir va permettre de faire grandir ces acteurs en leur donnant plus de poids dans notre société. Par exemple, au lieu d’acheter un fidget chez les géants du net, peut-être qu’il serait préférable de s’orienter vers Hop’Toys ? Ce qui vous permettrait de contribuer au développement d’une entreprise qui soutient la même cause que vous !
Le mot de la fin…
Je remercie l’équipe d’Hop’Toys pour m’avoir invité à rédiger cet article ! J’espère qu’il a pu vous être utile.
Le mot de fin sera principalement destiné aux lecteurs de ce blog qui ont un TDAH. Je vous encourage à continuer de vous informer et à trouver des solutions, pour mieux vivre avec votre trouble. Ce n’est pas facile au quotidien et j’en suis bien conscient. Les échecs que vous avez auparavant rencontrés et que vous rencontrerez par la suite impacteront votre niveau d’estime de soi. Mais ne vous découragez pas. Votre particularité ne doit pas freiner votre développement. C’est à vous de déterminer ce que vous souhaitez en faire. Beaucoup de personnes ayant un TDAH ont participé à transformer ce monde. Alors, pourquoi pas vous ?
Vous avez aussi un TDAH et vous souhaitez en parler au travers d’un portrait pour faire avancer les choses ? N’hésitez pas à nous écrire en commentaires !
Article rédigé le 17 janvier 2022, mis à jour le 10 juin 2022.