Le jeune enfant est un être en construction et non un adulte en miniature, que ce soit au niveau sensoriel, moteur ou émotionnel. Laure Béjuy, de l’atelier des Minipousses, nous explique comment faire pratiquer le yoga à des jeunes enfants peut aider à la gestion de leurs émotions.
Crédits : les Minipousses
La séparation du matin peut être un temps difficile et redouté par certains parents et enfants. Au moment de la retrouvaille de la fin de la journée, quand le parent vient récupérer l’enfant, certains enfants sont plus sensibles à ces tempêtes émotionnelles. Certain(e)s se verront dire : « ce n’est qu’avec vous qu’il fait ça… ! » ou bien que l’enfant a été au top toute la journée et, quand maman arrive, c’est la décharge !
C’est préférentiellement avec sa figure d’attachement que l’enfant exprimera plus librement ses émotions, son stress, sa colère… car il se sent en sécurité et protégé par cette personne. Après une journée trop riche en stimulations intenses, le cerveau immature de l’enfant ne pourra pas traiter toutes les informations : c’est la tempête émotionnelle !
Faire pratiquer le yoga à des jeunes enfants peut-il aider ?
Le yoga, utilisé pour accompagner le développement sensoriel, moteur et émotionnel du jeune enfant, lui permet d’explorer son corps, ses ressentis et ses émotions.En revanche, le yoga doit être adapté aux compétences et au rythme de chaque enfant.
En bref, le yoga améliore la capacité de régulation émotionnelle de l’enfant.
Pourquoi l’utiliser en structure petite enfance ?
Donc il est important d’établir un moment sans stress grâce au yoga ; on dépose ses attentes pour passer un moment ensemble. Connaitre et identifier les besoins du jeune enfant permet de proposer un moment yoga adapté.
Quand utiliser le yoga ?
Lors des phases de transition, pour diminuer les stimulations intenses sur un moment de la journée… où les professionnels et enfants partagent ce moment ensemble.Lors de ce moment yoga, les stimulations sonores, visuelles seront atténuées et diminuées pour favoriser le retour au calme, l’écoute de son corps et le recentrage sur soi.
N’oublions pas qu’à cet âge, le yoga doit être proposé par jeu aux jeunes enfants… jouer au yoga pour découvrir son corps, son souffle, découvrir ses ressentis (émotions, sensations, états). Jouer au yoga des émotions pour exprimer des ressentis/émotions agréables, désagréables pour avoir une meilleure connaissance de soi de ses limites.
Dès la petite enfance on plante des petites graines !
Comment le yoga peut aider dans la séparation du matin ?
On sait alors que cette séparation est un moment qui peut générer du stress et une augmentation du cortisol. Proposer un moment yoga lors de la séparation sur un temps court est bénéfique pour tous.
L’enfant est très doué pour décrypter les émotions et le langage corporel « éponges émotionnelles » mais son cerveau reste lent et les capacités de compréhension du jeune enfant ne sont pas aussi élevées qu’on pense, d’où l’utilisation d’un vocabulaire simple, une consigne à la fois et surtout lui laisser le temps de comprendre ce qu’on vient de lui dire : certains enfants font le signe du au revoir en arrivant à la voiture 5 minutes après !
Proposer un temps très court et simple de yoga permettra au parent et à l’enfant d’échanger et de réguler au mieux leurs propres émotions.
Crédits : Les Minipousses
Petit exemple d’un moment yoga
Alors, à l’arrivée en crèche et au départ de la crèche pour atténuer ce moment de séparation, on peut rendre le jeune enfant acteur de ce moment.
On choisira au préalable 4 ou 5 postures (accessibles à tous et à toutes les tenues vestimentaires !) affichées au niveau du lieu où l’enfant est accueilli à son arrivée. L’enfant pointera une des postures affichées et le parent pourra la faire puis on échange les rôles. Ce petit rituel yoga peut même engendrer le rire en fonction de la posture choisie.
Ce petit temps yoga permettra de se dire au revoir et bienvenue à ma journée avec une transition yoga.
L’enfant ressent beaucoup les émotions des autres bien qu’il ne comprenne pas les mots. Nous pouvons donc apaiser toute la famille par un temps court de yoga quotidien permet d’anticiper cette séparation tout en créant du lien!
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Mise en garde
Le but du yoga n’est pas de réprimer l’émotion, d’empêcher l’enfant de pleurer. Le yoga permet à l’enfant d’identifier ce ressenti et d’acquérir grâce au yoga la capacité de le gérer sans complètement se désorganiser….
Bien que le yoga en structure petite enfance n’empêchera pas l’enfant de pleurer lors de la séparation, il est important de rappeler que ce n’est pas ce qu’on recherche… « Être triste, inquiet, mécontent…quand on laisse son parent, c’est ressentir et vivre ! »
Notre rôle est de rassurer l’enfant, d’accompagner ses émotions, en le sécurisant mais ce n’est en aucun cas de réprimer cette émotion. C’est lui donner des outils pour gérer l’intensité de son émotion, de s’autoréguler après le départ de son parent grâce au yoga. Le yoga aide l’enfant pour qu’il grandisse en ayant conscience de ses ressentis et qu’il soit à l’aise dans son corps.
- Dans un premier temps, garder toujours la même routine d’accueil par le professionnel et le parent permettra à l’enfant d’anticiper ce moment de séparation.
- Les pleurs ne sont pas à prendre négativement. Accueillir l’émotion de l’enfant, donc les pleurs d’un enfant, est une des premières choses à rappeler à tous ! Dans les larmes, on retrouve certains produits de dégradations de neurotransmetteurs. Les petites filles comme les petits garçons ont le droit d’exprimer leurs émotions et de pleurer, trembler…
(Exit le « Tu pleurniches comme un bébé ou « Allez mon grand, tu es courageux, ne pleure pas ! »… )
Ce qu’il faut faire !
On proposera plutôt : tu ressens un sentiment désagréable et des larmes coulent sur tes joues. Veux-tu que je te prenne dans mes bras pour dire au revoir à papa ! et ce soir, papa sera heureux de te revoir !
Toujours valoriser les compétences de l’enfant et accueillir l’émotion.
Il est important de se souvenir que reproduire la même routine permettra à l’enfant d’anticiper et de le rendre acteur. De même pour le soir : Le parent a besoin de savoir comment s’est passée la journée mais l’enfant lui a besoin de toute l’attention de son parent et de son contact pour se recharger en ocytocine. Avoir conscience des besoins de l’enfant et verbaliser les ressentis aidera à limiter les tempêtes émotionnelles.
Un exemple de moments yoga au sein de la structure d’accueil lors de la journée
Le matin, dès qu’un petit groupe d’enfants est arrivé, un moment yoga autour du jeu du chant et du livre. On commence alors en lotus la chanson du bonjour, avec les professionnels assis en invitant les enfants à faire les postures du livre puis en mimant les émotions en prenant l’arc-en-ciel et l’éventail le temps que le sablier s’écoule.
Cela est utile pour passer de sensations agréables à désagréables, une émotion peut donc être associée à une posture.
Attention : on invite toujours les enfants à participer, l’enfant peut seulement observer ou n’expérimenter que certaines propositions.
Alors pour conclure, n’oublions pas que ce moment yoga doit être proposé par le jeu et que le jeu libre à sa place dans le yoga à destination des plus jeunes.
Le yoga doit rester un jeu et une découverte au rythme de chaque enfant.