Le yoga chez le jeune enfant et l’enfant a de nombreuses vertus. Calme, recentrage sur soi, amélioration de la coordination, de la concentration, … Cette pratique, permet une connaissance de son corps, de ses perceptions et de ses sensations. Pour les parents, dès le plus jeune âge, on peut ainsi partager des moments avec nos enfants. Laure Béjuy, kiné pédiatre, nous explique comment pratiquer le yoga du souffle avec des enfants !
Dans un premier temps, il faut se souvenir qu’un enfant est un être en construction, en mouvements ! Et c’est pour cela qu’on proposera un yoga, au rythme de chaque enfant, avec une série de postures et surtout, par le jeu ! En effet, le yoga doit être un moment d’échanges, de partages, de rires, de découvertes mais aussi de perception de soi-même et de ses limites.
Le souffle et le yoga : le mouvement respiratoire est déjà présent avant la naissance
Le corps respire de façon automatique, de façon inconsciente. Prendre conscience et apprendre à maitriser sa respiration permettra aussi à l’enfant de surmonter bien des situations difficiles ou stressantes. Le souffle c’est la vie. La respiration trahit nos émotions ou notre état : elle est accélérée dans la colère, la peur, peut-être coupée lors d’un stress. Sur un effort manquer de souffle ou tout simplement soupirer quand quelque chose nous agasse !
Le contrôle de la respiration permet de réguler les émotions, se détendre, s’apaiser…
Chez quels enfants utiliser le yoga du souffle ?
Utiliser un moment yoga du souffle chez l’enfant en bonne santé est primordial. En effet, il a aussi sa place pour les enfants présentant des profils sensoriels atypiques, dans la gestion (entre autres) de ses ressentis et émotions ou pour les enfants ayant des maladies atteignant le développement pulmonaire, les muscles …
Pour respirer, notre cage thoracique doit rester souple, avec une bonne amplitude. Le yoga du souffle pourra être pratiqué par l’enfant, en plus de sa rééducation, en autonomie et avec plaisir. Il l’aidera à entretenir ses compétences respiratoires, compliance…. Ces mouvements respiratoires sont impactés dans les maladies respiratoires, pathologies génétiques entre autres (asthme, mucoviscidose, myopathie, …) mais aussi chez les enfants ne respirant que par la bouche. Jouer au yoga du souffle renforcera et entretiendra les acquis, rendra une respiration sans asynchronisme et plus physiologique de façon ludique et autonome.
Les avantages du yoga du souffle et du yoga ?
Il permet de garder une souplesse globale et de bonnes amplitudes, d’entretenir ou d’augmenter les volumes respiratoires, de diminuer les sensations d’oppressions, les angoisses, le stress…
Le yoga améliore la perception du schéma corporel et du schéma respiratoire. Ainsi, il permet à l’enfant d’entretenir sa compliance respiratoire, d’augmenter ses capacités respiratoires, respirer plus physiologiquement par le nez, en jouant avec ses sensations et sa respiration.
Respirer en pleine conscience, respirer pour gérer ses émotions, respirer pour vivre, retenir sa respiration, respirer pour « courir vite », soupirer, être essoufflé, manquer d’air …tous ses ressentis, expressions, sensations autour de la respiration.
Comment le proposer aux enfants ?
Le yoga du souffle peut être intégré à une routine yoga ou faire partie d’un moment yoga, d’ateliers yoga parents-enfants ou avec un groupe d’enfants, en médiation individuelle, chez un professionnel (kinésithérapeutes, psychomotriciens, orthophonistes…). Bref, c’est une pratique qui peut être réalisée un peu partout…
Et si on Jouait au yoga du souffle? Voici quelques exemples :
Finalement, on peut se demander comment amener l’enfant à prendre conscience de son souffle, des vibrations, de sa respiration… par le jeu ? On proposera alors, un enchaînement de quelques postures simples. Les premières fois on s’installera dans un endroit calme, propice à la perception de cette sensorialité, de ces mouvements respiratoires.
Le chien tête en bas : Sur la posture du chien tête en bas, on mimera le chien qui respire : en tirant la langue, la respiration du chien par la bouche puis on invitera l’enfant à respirer par le nez et en alternance pour ressentir le passage de l’air.
Le petit pont : on invitera l’enfant à ressentir les mouvements respiratoires abdominaux en faisant bouger un foulard, une bulle visuelle ou le doudou sur le ventre (c’est l’air qui rentre qui fait gonfler, pas le ventre ni les fesses qui bougent pour la performance, mais loin du mouvement respiratoire recherché)
On proposera aussi de montrer sur soi et de faire une fois avant ou en même temps que l’enfant : sentir ce qui bouge, sentir si le ventre bouge, s’il se gonfle, ressentir l’air quand on le prend …le chemin que cet air emprunte !
Bien accompagner l’enfant dans la perception de ce mouvement respiratoire dans la bienveillance
De plus, on utilisera des jeux pour les aider dans certaines postures : en posture du papillon, on pourra s’envoyer un foulard, souffler sur les petites fleurs coccinelles permettra de prendre conscience de son souffle, jouer avec sa temporalité, le découvrir en l’expérimentant : que se passe t’il sur la fleur quand je souffle fort …durée longue, rapide ou lent…) Souffler dans un instrument de musique, souffler pour faire des bulles, souffler pour faire léviter une petite balle ou une petite plume, de nombreux jeux existent pour multiplier les propositions ludiques autour du souffle.
Positionné en étoile sur le dos, les bras le long du corps, les yeux fermés, on invitera l’enfant à écouter les sons autour de lui, les sons provenant de lui. On écoutera l’air qui rentre et qui ressort, par la bouche, par le nez, ressentir ce qui bouge : le ventre ? le torse ? le cou ? Puis lui proposer de prendre une très grande respiration et de soupirer trois fois.
Ainsi, si l’enfant est disponible et a déjà une bonne conscience de sa respiration, on pourra commencer à proposer différentes respirations guidées : respiration carrée, la respiration 4*4, la respiration échelonnée…
Petites astuces pour un yoga du souffle réussi :
Pour finir, il est important de préciser quelques points importants. D’abord, il faut toujours proposer le yoga du souffle dans la bienveillance. Ensuite, les jeux proposés ne doivent pas être douloureux. Il faut qu’ils soient réalisés dans le calme, avec douceur sans forçage ni dans la précipitation. Tout au long des jeux, il faut garder une respiration fluide, non forcée, ni retenue. Si l’enfant en est capable, il est mieux de favoriser une respiration par le nez.
Mais aussi, il ne faut jamais mettre en échec l’enfant ! Toujours l’encourager ! En effet, l’apprentissage est fait de répétitions et de sensations et cela demande du temps, de la patience !