Très largement pratiquée dans les pays anglo-saxons, l’intégration sensorielle (IS) fait sa place en France où de nombreux professionnels réalisent des formations pour l’intégrer dans leur pratique. En effet, l’IS fait sens dans le développement de l’enfant aux besoins particuliers. Elle lui permet de faire des progrès dans tous les domaines. Mais qu’est-ce l’intégration sensorielle ? En quoi est-elle absolument primordiale pour le développement et les apprentissages de l’enfant ?
Découvrir l’IS
Nos sens envoient en continu des informations à notre cerveau. Celui-ci les reçoit, les traite et y répond de manière adaptée par des gestes, des comportements, des émotions. Ce processus s’appelle l’intégration sensorielle. L’information transmise par les sens doit donc être traitée et analysée par le cerveau qui va ensuite permettre à la personne d’y apporter une réponse appropriée (un geste, une parole, une émotion…).
L’intégration sensorielle est donc la capacité à sentir, comprendre et organiser les informations sensorielles provenant de son corps et de son environnement. Une bonne intégration et organisation des informations sensorielles est nécessaire pour qu’un enfant se développe harmonieusement. En effet, l’intégration sensorielle constitue la base de la pyramide des apprentissages de l’enfant. (Pyramid of learning de William & Schellenberger). Elle permet le développement du sensori-moteur jusqu’au développement comportemental et cognitif. C’est dire son importance !
Lorsque l’intégration sensorielle fonctionne bien, nous agissons d’une manière appropriée à notre environnement.
Lorsque l’intégration sensorielle ne se fait pas, ou mal, elle peut impacter :
- les comportements de votre enfant ;
- ses relations et interactions avec les autres (petits et grands) ;
- sa capacité d’apprentissage, son autonomie ;
- ses activités de loisirs.
Prenons un exemple :
Mon pied trébuche sur un obstacle et je suis déséquilibré. Les capteurs présents sur tout mon corps envoient différentes informations à mon cerveau qui les traite et renvoie des instructions pour éviter la chute : se redresser, placer les mains pour se protéger. Lorsque la situation se reproduira, mon cerveau pourra alors réagir plus rapidement.
Connaître le processus de modulation sensorielle
Nous captons continuellement des informations par l’entremise de nos sens. Ces informations s’appellent des « stimuli sensoriels ». Nos nerfs acheminent ces stimuli au cerveau qui va alors les interpréter. Ce processus concerne tous les sens : la vision, le toucher, le goût, l’odorat et l’audition… sans oublier deux sens moins connus : la proprioception et le système vestibulaire.
Exemple :
Bébé sursaute et pleure au moindre bruit.
Puis, il apprend à en reconnaître certains, comme une intonation dans la voix de sa mère, et va réagir spécifiquement à ceux-ci.
Non pas 5, mais 7 sens ! Mais quels sont ces 2 sens moins connus ?
Le système vestibulaire est le sens du mouvement et de l’équilibre. Le vestibule est un organe sensoriel caché dans l’oreille interne qui détecte les mouvements de la tête et sa position quand le corps bouge. Il nous permet de savoir où se situe notre corps dans l’espace, si c’est nous qui bougeons, ou bien notre entourage. Il nous renseigne sur la direction du déplacement de notre corps et sur sa vitesse.
La proprioception est le sens de la position. Il renseigne notre cerveau sur l’emplacement des différentes parties de notre corps et sur ce qu’elles sont en train de faire. Ainsi, notre corps s’adapte constamment à notre environnement sans que nous en soyons pleinement conscients. Les récepteurs se situent dans nos muscles, tendons, ligaments… qui nous font sentir la position de chacune des parties de notre corps. La proprioception agit un peu comme un GPS corporel, c’est-à-dire qu’il nous informe sur les déplacements dans l’espace : de haut en bas, d’avant en arrière, d’inclinaison et de rotation.
Exemple :
Vous ne regardez pas vos pieds lorsque vous montez une échelle. Lorsque vous poussez une porte pour l’ouvrir, vous adaptez votre force en conséquence.
Focus sur le processus de la modulation sensorielle
Notre cerveau développe progressivement une capacité à ne pas traiter toutes les informations avec la même importance. Il fait le tri. Ce processus est appelé la modulation sensorielle. Cet apprentissage se fait tout au long du développement de l’enfant. La modulation sensorielle permet de maintenir un état de vigilance où les stimuli sensoriels sont interprétés par le corps de manière continue.
Pendant la journée, l’état de vigilance d’un enfant se situe la plupart du temps au niveau optimal. Mais sa vigilance peut s’élever s’il reçoit plus de stimuli de son environnement. Elle peut baisser s’il en reçoit moins.
3 niveaux principaux de vigilance
Les différentes phases peuvent alterner au cours d’une journée. Il y a trois niveaux principaux de vigilance :
- Sous-stimulé, l’enfant est somnolent, distrait. Il a des difficultés à se concentrer.
- Sur-stimulé, il est hyperactif, surexcité, colérique, inquiet. Il n’arrive pas à se concentrer.
- C’est seulement lorsque le niveau est optimal, « juste bien » que l’enfant est calme, bien, éveillé et concentré. Il est prêt à jouer et à apprendre.
Cas précis des troubles visuels sensoriels
Il a des difficultés à recopier les mots… Souvent, il remplit son verre jusqu’à le faire déborder sans s’en apercevoir. Il est fasciné par les lumières clignotantes ou, à l’inverse, ne supporte pas la lumière du soleil… Il a peut-être des troubles visuels sensoriels. Ces troubles de la modulation ou de la discrimination sensorielle peuvent entraîner des manifestations comparables à des troubles de la vision standards.
Une fois le diagnostic posé, il est essentiel d’accompagner la prise en charge en agissant sur l’adaptation de l’environnement et le choix d’outils appropriés.
Qu’est-ce que les troubles visuels sensoriels ?
Les troubles visuels liés à des problèmes de traitement de l’information sensorielle se manifestent lorsque le cerveau n’arrive pas à interpréter
les informations données par le canal visuel. Ces problèmes peuvent être d’ordre perceptif, liés à la discrimination visuelle ou liés à une difficulté de modulation.
>> Lire aussi : la prise en charge des troubles visuels sensoriels
En bref
Pour permettre à l’enfant de mieux saisir le contour de son corps, de développer des compétences variées et de construire ainsi des bases solides pour des apprentissages à venir :
> proposez-lui des activités motrices sollicitant ses 7 sens afin qu’il puisse apprendre à utiliser son corps au contact de son environnement ;
> laissez-le expérimenter librement : porter des objets, utiliser des planches à roulettes, grimper, descendre des marches, tirer des objets qui offrent de la résistance, se balancer, se sentir enveloppé…
Pour des activités motrices encourageant l’intégration sensorielle
U porteur : Un classique ! Plébiscite par tous, l’U-porteur possède 4 roues qui le rendent hyper maniable et lui permettent de se faufiler un peu partout. Grâce à sa stabilité, les enfants l’utiliseront de manières variées : assis pour des activités motrices, sur le ventre pour apprendre à ramper ou en rééducation des membres inférieurs. 2 modèles disponibles.
Grande plateforme vestibulaire filet : une très grande surface d’un mètre de diamètre permet d’y monter à deux ! Sa surface est en filet plein pour plus de confort : on peut s’y asseoir, se mettre debout… Bords rembourrés, 2 points d’attache.
Planche maxi roller : parfaite pour s’amuser tout en stimulant la motricité et la coordination ! L’enfant pourra l’utiliser de différentes façons : à plat ventre, assis, accroupi ou encore debout avec les pagaies (vendues séparément). Ses 4 poignées ainsi que sa taille permettent à 2 enfants de l’utiliser ensemble. Il est également possible de fixer une corde de remorquage à l’avant.
>> À lire aussi : Repenser la société selon l’INS : conseils d’Isabelle Babington
Publié le 20 janvier 2020, mis à jour le 11 juin 2020
Sources :
Pyramid of learning de William & Schellenberger