En mars 2016, Hop’Toys a organisé une vente caritative exceptionnelle pour aider au financement d’un projet porté par l’établissement « Coste-Rousse » : installer une salle multi sensorielle dans leur nouveau bâtiment, qui accueille 8 jeunes résidents, tous en situation de polyhandicap. Grâce à la somme récoltée lors de cette journée (plus de 5000€ !) et d’une donation du Lion’s Club, l’établissement a installé cette salle dédiée à la détente, au bien-être et à l’apprentissage. Pour vous présenter ce lieu, nous avons interrogé Pascal Segault, le chef de service à l’Etablissement pour Enfants et adolescents Polyhandicapés « Coste-Rousse ».
Pascal, quel est le fonctionnement général de l’établissement Coste-Rousse ?
Cet établissement est géré par l’association ADAGES. Il est situé à Prades-le-Lez dans l’Hérault. « Coste-Rousse » accueille 115 enfants en situation de polyhandicap selon 3 modalités d’accueil : en internat (et internat séquentiel) pour 15 enfants, en accueil temporaire pour 70 enfants (en file active) et en externat pour 40 enfants. L’externat a bénéficié d’une extension de sa capacité d’accueil en 2016. Un nouveau lieu d’accueil a été construit dans ce cadre : il permet d’accompagner 8 enfants en situation de polyhandicap ayant une autonomie de déplacement ou des comportements-problèmes.
Pouvez-nous nous expliquer plus en détail ce nouveau lieu d’accueil ?
Cette extension a permis l’accueil d’enfants plus autonomes. Certains d’entre eux n’avaient pas de solution d’accompagnement parce qu’il n’y avait pas d’établissement pour répondre à leurs besoins sur le bassin Montpelliérain. Pour l’ADAGES, il s’agissait de permettre l’accueil de ces enfants dont les comportements-problèmes nécessitent des réponses adaptées : la construction d’un nouveau bâtiment s’est imposée.
Ce service accueille 8 enfants dont l’autonomie ou les comportements-défis nécessitent un projet et des locaux spécifiques. Il s’agit de proposer aux familles et aux jeunes un projet personnalisé qui stimule leurs capacités cognitives, leur communication et l’expression de leurs besoins. Ceci passe par la mise en œuvre d’un projet de service qui recherche, à travers l’offre de service qu’il déploie, la diminution des comportements-problèmes et le bien-être des enfants accompagnés.
On parle de plus en plus d’habitat sensoriel. Pouvez-vous nous en dire plus sur la conception et l’aménagement de l’Unité ?
Ce nouveau bâtiment doit répondre aux besoins des enfants. Un état des lieux de ces besoins s’est donc, logiquement, imposé. Il a permis de repérer quelles doivent être les fonctions du lieu. En premier lieu, cette unité doit permettre l’expression des besoins et des attentes en sécurité. Les locaux ont été conçus pour permettre les déplacements autonomes des enfants tout en maintenant une surveillance continue. Les locaux doivent être pensés comme des espaces qui rassurent parce qu’ils limitent les frustrations, prévoient des circulations douces et permettent de choisir l’endroit où l’on souhaite être.
Ces caractéristiques induisent des espaces ouverts, des coins de retrait, des coins personnalisés, des repères sensoriels (lumière adaptée, musique…) et une possibilité d’interagir avec cet environnement (disposition de pictogrammes, accès aux jeux…)
L’habitat sensoriel est ici pensé comme un relai éducatif, c’est à dire qu’il peut être « sollicité » directement par l’enfant s’il en ressent le besoin. Le groupe de vie est également l’espace où se construit le quotidien. Il doit être préservé, mis à distance des stimuli extérieurs qui perturberaient les apprentissages proposés par l’équipe éducative. A ce titre, il n’y a pas, par exemple, de fenêtres qui donnent sur la rue ni un accès direct de l’extérieur.
Une prise en compte des préconisations de l’ANESM, de la HAS et de l’ADESIF TED a été faite, en amont, afin de considérer l’expérience des professionnels et des experts des handicaps complexes. Je pense que ces lectures sont, entre autres, un préalable incontournable pour la définition d’un projet architectural adapté aux besoins des enfants concernés.
Pouvez-vous nous présenter l’équipe de professionnels et leur rôle au sein de l’Unité?
L’équipe est composée d’une éducatrice spécialisée, d’une monitrice éducatrice, d’une aide-médico-psychologique et d’une aide soignante. Ce quatuor de compétences permet d’accompagner des enfants aux besoins différents. D’ailleurs, chacune d’entre elles coordonne un ou plusieurs projets en fonction des priorités d’accompagnement définies pour l’enfant, avec sa famille.
Ces priorités déterminent « l’entrée du projet personnalisé », c’est à dire l’axe prioritaire à partir duquel le projet va se construire.
Lorsqu’un enfant à des besoins physiologiques importants, les objectifs prioritaires du projet (son entrée) seront axés sur sa prise en soin. Dans ce cas, l’aide-soignante sera la mieux placée pour coordonner son projet. Lorsque l’état de santé de l’enfant évolue favorablement, et que les soins ne sont plus « prioritaires », une réévaluation déterminera la nouvelle entrée du projet personnalisé. Si les nouveaux objectifs prioritaires sont éducatifs et/ou en lien avec la stimulation des capacités cognitives, il sera demandé à l’éducatrice de poursuivre la coordination de ce projet personnalisé.
Une salle multi sensorielle est intégrée au lieu de vie. Sur quels critères a-t-elle été conçue ?
Tout d’abord, les plans de ce nouveau bâtiment intégraient cette salle multi-sensorielle. Cette donnée est importante car l’endroit où elle se situe est primordial pour que ce projet fonctionne tel que l’équipe l’avait souhaité. Une utilisation autonome de la salle par les enfants est un objectif travaillé. La salle est donc accessible du lieu de vie, et les professionnels peuvent veiller à son utilisation tout en restant à l’extérieur de la salle. D’ailleurs un oculus vertical a été posé sur un des murs.
Le critère premier était l’utilisation autonome en sécurité de la salle. Ceci induit du matériel solide, adapté ou positionné en hauteur, et qui interagit. Certains jeunes ont la possibilité de jeter le matériel ou de l’utiliser d’une manière tonique. Il a donc fallu faire des choix dans la gamme proposée par Hop’Toys. Les poufs vibrants, le dé interactif ou encore le vidéo projeteur grand angle (=> le projecteur galaxie) permettent des explorations sensorielles inédites tout à fait adaptées aux besoins et aux envies des enfants.
Chaque enfant profite de la salle en moyenne 1 fois par semaine. Comment se déroulent ces moments ?
Les séances sont planifiées en début d’année scolaire, sur la base des projets personnalisés des enfants. Elles répondent à des objectifs divers et définis en équipe interdisciplinaire : apporter de la détente et de l’apaisement, stimuler les interactions et la communication, développer l’autonomie… La salle est également utilisée de façon spontanée et lorsqu’un enfant en exprime le souhait. L’équipe ne cherche pas forcément à donner une dimension éducative ou thérapeutique à cet espace. C’est aussi et avant tout un lieu de plaisir et de jeux.
Quels seraient vos conseils pour l’aménagement d’une salle sensorielle ?
L’évaluation des besoins des personnes concernées est un préalable. Elle doit croiser l’expérience des professionnels, des familles et des personnes accueillies. Je pense que les recommandations de bonnes pratiques professionnelles sont également incontournables. Concernant le matériel à mettre à disposition, il doit être adapté aux besoins des personnes et aux projets des équipes.
En vous disant ça je ne réponds pas à votre question.. Peut être parce qu’il y a autant de réponses de que de projets d’aménagement d’un espace multi-sensoriel.
Et vous, avez-vous déjà expérimenté et/ou aménagé une salle sensorielle ? N’hésitez pas à nous faire part de votre expérience en commentaire !