Nous avions rencontré des membres de l’association internationale CLASI lors du colloque sur la pratique de l’intégration sensorielle en Europe l’année dernière au Portugal. Nous avons assisté à leur dernière discussion en ligne qui portait sur la téléconsultation en ergothérapie, et plus spécifiquement en thérapie d’intégration sensorielle. Les ergothérapeutes ont chacun présenté leur expérience en téléconsultation en donnant des exemples concrets. L’idée était de partager les savoir-faire sur une pratique à distance très nouvelle pour tout le monde !
Découvrez leurs retours d’expérience dans cette synthèse !
1. Les enjeux autour de la sphère privée
Les thérapeutes ont abordé les difficultés de pénétrer dans la sphère privée des familles alors qu’habituellement, ce sont les familles qui se déplacent.
Les retours d’expérience :
• Dédramatiser la situation auprès des parents. Vous aussi, en tant que thérapeute, vous travaillez à la maison !
• Pas de stress autour du rangement ou du ménage. Vous êtes là pour l’enfant !
2. L’adaptabilité par rapport au matériel
L’enjeu principal est le suivant : comment utiliser un environnement sans matériel spécifique pour créer une séance ? Les parents n’ont pas l’équipement professionnel habituellement utilisé en cabinet. Comment peut-on créer une séance dans un environnement qui nous est étranger en tant que thérapeute ?
Retours d’expérience :
• Au préalable, faire une visite virtuelle de la maison en demandant aux parents de voir les différentes pièces et les jeux présents.
• Questionner sur les habitudes de la famille et déterminer s’ils sont à l’aise avec un peu de « chamboulement » dans leur intérieur.
• Autre question à poser à la famille : qui est présent lors des séances ? Qui utilise aussi les espaces ? Est-ce que l’on peut aller dans le jardin ?
• Le thérapeute doit faire preuve de beaucoup d’adaptabilité et de créativité.
Idées de matériel utilisable :
• Fabriquer une balançoire avec une couverture. Chacun des parents prend un bout et l’enfant se met au milieu. Une activité facile à mettre en place pour apporter une stimulation vestibulaire !
• Utiliser le canapé en disposant les coussins de manière différente : par terre pour faire un tapis, en parcours d’obstacle, en mettant un gros ballon sur le canapé…
3. L’adaptabilité dans la pratique en réaction à un environnement que l’on ne contrôle pas
Les professionnels présents ont souligné la difficulté de la pratique à distance lorsqu’il s’agit de capter, puis maintenir l’intérêt de l’enfant. Souvent, ils ont observé que l’enfant partait du champ de vision de l’écran.
Retours d’expérience :
• Capitaliser sur les intérêts connus de l’enfant. Ainsi, un thérapeute s’est déguisé en chef de gare pour capter dès les premiers instants l’attention de l’enfant.
• Utiliser les moments où l’enfant se déplace hors champ de l’écran pour échanger avec les parents et prévoir les interventions suivantes.
• Répartir le temps de session hebdomadaire en plusieurs micro-sessions au début de la mise en place. Ces micro-sessions ayant pour but que l’enfant se ré-acclimate à cette nouvelle relation.
• Commencer par des sessions où l’on échange beaucoup avec l’enfant pour reconstruire le lien.
• Etre préparé à faire la connaissance de tous les membres de la famille et aussi tous les animaux de compagnie !
• Etre flexible et pouvoir proposer (si c’est possible) « Allons dehors ! »
• Ne pas forcer l’enfant et créer un sentiment de disruption qui peut entraîner des situations difficiles pour les parents le reste de la journée.
4. La collaboration avec les parents dans une approche en co-construction
C’est le gros avantage du télésoin selon les thérapeutes présents : pouvoir impliquer les parents en leur expliquant le pourquoi de telle ou telle action.
Retours d’expérience :
• Il est important de guider les parents et de les amener vers une autre posture. Tous les parents ne sont pas à l’aise avec une attitude très joueuse où l’on suit l’enfant dans son histoire imaginaire.
• Dire aux parents de se relaxer. Ce n’est pas grave si l’enfant n’écoute pas ou part ailleurs. Il faut le laisser revenir.
• Etre vraiment en co-création avec les parents et saisir l’opportunité de leur faire comprendre pourquoi vous préconisez telle ou telle action. Les laisser voir en quoi cela à des répercutions sur leur enfant.
• Lors de la session, le parent peut agir sous les directives du professionnel qui le guide. Cependant, les parents peuvent être très stressés d’être observés en temps réel : peur de mal faire, d’être jugé, que l’enfant réagisse mal… Il faut dédramatiser !
• On peut envisager que les parents se filment en faisant les exercices, puis envoie la vidéo par la suite pour avoir les retours du professionnel.
• Certains parents peuvent avoir tendance a être directifs ou être mal à l’aise dans des situations de jeu fantaisistes. Le professionnel devient aussi un coach des parents afin de les guider vers une attitude plus collaborative et ludique avec leur enfant lors des sessions.
5. Le suivi après session
Les thérapeutes ont souligné l’importance de documenter les sessions de la même manière que celles faites en présentiel.
Retours d’expérience :
• Faire aussi un e-mail de suivi aux parents après chaque session en ligne.
• Prendre le temps d’expliquer beaucoup plus le pourquoi de certains exercices.
Qui est l’association CLASI ?
Cofondée par les étudiants de première génération du Dr A. Jean Ayres, Collaborative for Leadership in Ayres Sensory Integration (CLASI) s’engage à suivre sa tradition d’excellence et de recherche dans la pratique. CLASI propose des programmes éducatifs en ligne et dans plus d’une douzaine de pays à travers le monde. Les supports de cours sont dérivés des publications originales d’Ayres et des recherches ultérieures en sciences fondamentales et appliquées liées à la sensation et à l’impact sur la fonction humaine. CLASI est membre du Conseil international pour l’éducation à l’intégration sensorielle d’Ayres (ICEASI) qui fournit des normes mondiales pour l’éducation en ASI.
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Un grand merci à Kelly Auld-Wright OTD, OTR/L, Cherie Francis Boegeman, OT/L, Katie Oien MOT, OTR/L, Annie Baltazar-Mori OTD, OTR/L et Aja Roley MA, OTR/L pour le partage de leurs expériences !