Trouble du neurodéveloppement (TND) : comment poser le diagnostic ? Dans cet article, retrouvez un extrait du livre 100 idées pour mieux comprendre ce qu’est l’intelligence des Éditions Tom Pousse, avec des pistes concrètes sur le sujet des troubles du neurodéveloppement par le Dr Domitille Gras, neuropédiatre et Emmanuelle Ploix Maes, psychologue clinicienne.
Les cas de figures pour évaluer le TND
Si le décalage développemental est modéré, limité à un domaine, avec par ailleurs un ensemble d’éléments rassurants, le médecin ne parlera pas de trouble mais préférera revoir l’enfant après quelques semaines, de façon à bien s’assurer de l’évolution.
En revanche, si le développement est anormal, le médecin posera le diagnostic de trouble du neurodéveloppement (TND). À ce stade du jeune enfant, l’expertise clinique reste le pilier de ce diagnostic. On peut s’appuyer éventuellement sur une échelle standardisée de développement telle l’échelle de Brunet-Lézine révisée, l’examinateur observant l’enfant et interagissant avec lui en présence du parent. Cela permet le calcul de quotients de développement (QD).
Il existe également des échelles évaluant les facultés adaptatives et l’autonomie de l’enfant. Il est possible de faire passer des tests psychométriques chez les jeunes enfants, mais dans notre pratique, nous préférons souvent les différer jusqu’à 5 ans ou plus selon les cas, et privilégier chez les plus jeunes l’évaluation clinique du neurodéveloppement. Les tests psychométriques peuvent toutefois être utiles chez les petits dans certains cas précis, par exemple pour aider des parents à cheminer dans l’acceptation des difficultés cognitives de leur enfant, ou pour guider des orientations scolaires ou en établissements médico-éducatifs.
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Que doit évaluer le médecin ?
Le médecin devra évaluer d’une part la sévérité du décalage, et d’autre part étudier son caractère homogène ou non : l’impact du trouble se fait-il sentir dans un seul domaine du développement ou dans plusieurs ?
La courbe des progrès de l’enfant, le rythme de ses nouvelles acquisitions, sont aussi des éléments très importants. Une régression, avec un enfant qui a arrêté totalement de progresser ou qui perd des acquis, est évidemment un critère d’alerte qui doit amener le médecin à prescrire rapidement des examens pour rechercher des maladies particulières, dont certaines peuvent nécessiter des traitements spécifiques ou urgents (maladies du métabolisme, épilepsie…), et/ou l’amener à évoquer un trouble du neurodéveloppement en particulier.
Une consultation d’ophtalmologie et un test visant à s’assurer de la qualité de l’audition sont impératifs. Un déficit sensoriel peut expliquer les difficultés d’un enfant sans que celui-ci présente de trouble neurodéveloppemental : par exemple, un enfant montrant des signes évoquant un autisme peut s’avérer présenter une surdité, avec une évolution développementale tout à fait favorable une fois la prise en charge de sa surdité correctement effectuée. Mais les choses sont complexes, car les troubles neurodéveloppementaux peuvent être associés à de nombreux autres dysfonctionnements et intriqués dans diverses pathologies, et un enfant peut présenter à la fois un autisme et une surdité…
Le médecin devra donc d’une part rechercher un diagnostic dit « différentiel », écartant un trouble neurodéveloppemental, et d’autre part, si le trouble neurodéveloppemental est au contraire avéré, s’attacher à rechercher un ou des troubles associés et des pathologies intriquées, nombreuses chez ces enfants.
Le médecin doit être clair dans ses explications
Devant l’existence de réelles difficultés présentées par l’enfant, il est essentiel que le médecin informe ses parents de l’existence d’un trouble neurodéveloppemental, sans nier le problème, sans « temporiser » en s’en remettant à l’idée le plus souvent fausse qu’un enfant en décalage va « rattraper son retard » avec le temps.
Il est fondamental de respecter le cheminement des parents dans l’acceptation des difficultés présentées par leur enfant, mais il n’est pas moins indispensable d’évoquer avec eux l’existence de ces troubles, dans une démarche de confiance et de sincérité.
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Ce qu’il faut retenir
Malgré leur douleur, les parents comprennent le plus souvent qu’on répond enfin à leurs inquiétudes. Ce qui va créer une relation de confiance entre médecin et parents et l’alliance indispensable pour avancer ensemble face aux difficultés liées au trouble. Cela permet de leur proposer sans délai une guidance pour qu’ils puissent aider au mieux leur enfant, et discuter les indications de prises en charge, dont la qualité et la précocité vont être essentielles chez un jeune enfant en plein développement et entravé dans ses progrès.