Nous avons eu la chance de recevoir Marie Ruffier-Bourdet, ergothérapeute spécialiste des troubles de l’alimentation en pédiatrie pour proposer un Instagram Live à nos côtés. Nous l’avons retrouvée pour continuer notre discussion sur les troubles de l’alimentation chez les jeunes enfants. Découvrez dans cet article, les 10 conseils et astuces de Marie pour vous aider au quotidien face aux troubles de l’oralité alimentaire de votre enfant.
Marie avait abordé lors de son premier live l’aspect théorique des troubles de l’oralité alimentaire (appelés aussi troubles de l’alimentation en pédiatrie).
Retrouvez cette première partie ici : >> Les troubles de l’alimentation : conseils d’une pro !
1. Il n’est jamais trop tôt pour intervenir !
Bien au contraire, une prise en charge précoce (entre 0 et 2 ans) va permettre de travailler sur les difficultés du jeune enfant et ainsi, avoir une plus grande chance de faire disparaître complètement ce trouble. N’attendez pas qu’il soit plus présent, que cela impacte toute la famille, etc. Si vous êtes inquiet, n’hésitez pas à consulter un professionnel.
2. Consultez un ou plusieurs professionnels spécialisés en troubles de l’alimentation
Il existe de nombreux professionnels qui peuvent vous aider dans l’accompagnement des troubles de l’alimentation de votre enfant : kinésithérapeute, ergothérapeute, orthophoniste, psychomotricien, diététicien pédiatrique ou encore psychologue – et en particulier psychologue comportementaliste pour les troubles de l’alimentation associés à un trouble du spectre l’autisme. Selon Marie, ce qui est important c’est de rechercher un professionnel spécialisé qui sera donc formé à la prise en charge des troubles de l’alimentation. La multidisciplinarité entre ces professionnels permettra également une prise en charge globale des troubles.
3. Lors du développement de bébé, encouragez le main-bouche
Pour encourager le main-bouche, vous pouvez proposer à l’enfant des hochets. Marie conseille de choisir des hochets que l’enfant peut facilement appréhender avec les deux mains, car le tout-petit a une prise en main très globale et n’utilise pas encore son pouce. Elle aime particulièrement le Skwish, qui a en effet une structure très légère et de multiples points de préhension. Proposez-lui aussi de petits hochets qu’il pourra placer à différents endroits de sa bouche : d’un côté et de l’autre, sur la langue…
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4. Faire attention au choix de la cuillère pour donner à manger à bébé
Le choix de la cuillère peut avoir un rôle clé. En effet, il ne faut pas qu’elle soit trop large pour la bouche du bébé. Sans quoi elle l’empêcherait d’apprendre à bien positionner sa langue et à déglutir. Si la cuillère reste devant ou à l’entrée de la bouche, on va rester dans un patron assez immature de succion et on ne va pas donner le « bon » patron à l’enfant. Marie vous conseille donc de choisir des cuillères fines comme la cuillère e-z qui a été spécialement étudiée pour les enfants ayant une hypersensibilité orale. Étroites, avec une cuvette presque plate, elles permettent de poser la nourriture dans la bouche sans que l’enfant soit gêné.
Pour les professionnels, Marie conseille l’utilisation de produits tels que le Z-vibe et les Chewy tubes pour apprendre à l’enfant à mastiquer et à accepter d’avoir quelque chose dans la bouche au niveau sensoriel.
>> À lire également : « Oralité : apprendre à mordre et à mâcher »
5. Prévoir une période d’adaptation à la cuillère
La cuillère est un nouvel outil, inconnu du jeune enfant qui commence la diversification. Il sera donc intéressant de lui présenter sa cuillère vide afin de lui permettre de s’habituer à la manipuler, de la mettre à la bouche, etc.
6. Commencez à donner des morceaux tôt à bébé
Dès que l’enfant peut se tenir assis et fait du main-bouche, il est possible, si on le souhaite, de lui donner des morceaux. Les avantages de donner des morceaux tôt aux bébés sont nombreux : développement de la capacité de mastication, développement de la capacité sensori-motrice dans la bouche, développement de son panel alimentaire en morceaux, etc.
>> À lire également : DME, diversification alimentaire menée par l’enfant
7. Présenter tout le repas à l’enfant
Vous pouvez présenter tout le repas (c’est-à-dire entrée, plat, fromage, dessert) à l’enfant sur un petit plateau compartimenté. L’enfant va aller en premier vers l’aliment qu’il aime le plus, mais cela ne l’empêchera pas d’aller explorer les autres aliments. Ce petit plateau compartimenté fonctionne bien également avec les enfants TSA. Un plateau est plus clair visuellement pour présenter la quantité de nourriture à manger lors du repas.
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8. Ne jamais forcer un enfant à manger
Marie Ruffier-Bourdet nous a rappelé l’importance de ne pas mettre de pression ou de punition au moment des repas pour ne pas y lier une émotion négative. Si une émotion négative se crée, l’enfant va mettre en place des stratégies d’évitement : il va se mettre en colère et jeter son assiette, s’endormir, etc. L’enfant doit voir le moment du repas comme un moment de plaisir et de partage.
9. Il faut continuer à exposer les enfants aux aliments
Chez un enfant qui a un trouble de l’oralité, un aliment inconnu peut créer une angoisse et il va le repousser.
Petite astuce de Marie : au moment de donner un nouvel aliment à l’enfant, demandez-lui de ne pas le manger, ni même de le goûter.
Demandez-lui de le découvrir. Le fait de le voir, le sentir, le toucher, peut-être même de le poser sur ses lèvres, va permettre à l’enfant d’appréhender ce nouvel aliment. Et n’oubliez pas : que l’on soit enfant, ado ou adulte, il faut parfois proposer 15 à 20 fois un même aliment pour qu’il soit reconnu par le cerveau et ne soit plus mis dans la case « danger ».
10. Il n’est jamais trop tard pour intervenir !
Tout comme il n’est jamais trop tôt pour intervenir (voir le conseil n°1), il n’est également jamais trop tard ! Il est possible de prendre en charge des adolescents et même des adultes ayant un trouble de l’alimentation. Il y a cependant un aspect motivationnel très important. Pour aider un adolescent ou un adulte, il faut qu’il le veuille. Il faut que la personne se rende compte que son trouble a un impact sur sa vie sociale, familiale, etc. Si elle n’est pas motivée à changer, la prise en charge ne sera pas possible. On considère qu’on est guéri de son trouble alimentaire, lorsqu’on compte 30 aliments différents dans son panel alimentaire.
Voir ou revoir tous les conseils de Marie Ruffier-Bourdet en vidéo
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Publié le 16 octobre 2020, mis à jour le 05 juillet 2023.
Marie Ruffier Bourdet, ergothérapeute diplômée en 2005 de l’école de Créteil, propose des formations sur l’alimentation du bébé et les troubles de l’alimentation en pédiatrie. Elle a été très vite plongée dans l’univers de la pédiatrie, dès le début de son activité. Marie accompagnait en effet, des enfants polyhandicapés au sein d’un SESSAD. Elle a été confrontée à la problématique des difficultés alimentaires. Elle a donc dû rapidement se questionner et chercher des réponses et des formations.
Vous pouvez la retrouver sur son site www.ergomums.com, où elle propose des articles, des accompagnements pour les parents, mais aussi des webinaires pour les professionnel·le·s de la petite enfance et de la santé. Elle propose sur les réseaux sociaux une vulgarisation des formations autour du développement sensori-moteur du bébé et de l’alimentation entre 0 et 2 ans.
Retrouvez-la sur Instagram : @ergomums.
Votre article précise qu’il n’est jamais trop tard pour une prise en charge mais vous ne donnez à aucune piste à explorer, aucun professionnel à contacter.
Je cherche des solutions au problème de TCA et probablement troubles de l’oralité chez l’adulte depuis des années mais je ne sais pas qui contacter pour m’aider dans ce parcours. Ces troubles commencent à engendrer des problèmes de santé.
Merci de bien vouloir m’orienter
Bonjour, nous vous invitons à vous rapprocher de votre médecin généraliste, qui vous orientera vers un professionnel de santé pouvant vous aider. Je vous souhaite une bonne journée !