À l’occasion de la journée européenne de la psychomotricité, nous donnons la parole à Nathalie Ritter, Présidente de l’association psychomot Lib’Hérault. Elle nous explique ce qu’est la psychomotricité, les principales missions et objectifs, comment se déroule une séance ou encore comment la psychomotricité peut accompagner l’autorégulation. Nous vous laissons avec ses mots !
Qu’est-ce que la psychomotricité ?
Ce sont les liens entre le corps et l’esprit qui se construisent chez l’enfant même avant la naissance. Parfois, ces liens sont malmenés, empêchés au cours du développement de l’enfant ou de l’adolescent. Chez la personne adulte, la personne âgée, ces liens peuvent être freinés, limités par le vieillissement.
C’est donc une discipline au croisement de sciences « dures » comme l’anatomie, la physiologie et des sciences humaines comme la psychologie, la philosophie.
La principale mission du psychomotricien ou de la psychomotricienne est d’aider une personne à se réconcilier avec son corps.
Comment voyez-vous l’évolution de la profession dans les années à venir ?
Je vois beaucoup plus d’accompagnement des aidants, des parents ou référents des personnes accueillies en psychomotricité. En effet, le temps passé en séance nécessite d’être repris à la maison pour que les progrès s’inscrivent, s’ancrent dans le corps et alimentent de nouveaux réseaux de neurones.
>> À télécharger aussi : « Besoin d’un suivi en psychomotricité ? ».
Comment la psychomotricité peut-elle accompagner les personnes dans leur quotidien ?
Tout d’abord, il faut un bon accueil, une bonne écoute et une disponibilité physique et psychique. Il y aura aussi des observations. Le but étant de repérer les capacités et les limites de la personne afin de proposer un accompagnement adapté.
Par exemple, chez un bébé prématuré, on va discuter avec les parents de la façon de le poser au tapis, de le coucher, de lui présenter des jouets pour soutenir son développement sans le surstimuler.
Autre exemple, on accompagne un enfant d’âge scolaire, présentant un trouble de la coordination motrice à améliorer sa coordination. On va ainsi lui proposer d’expérimenter autrement la coopération des deux mains.
Également, on va être un soutien pour les aidants d’une personne âgée dépendante présentant une désorientation, des troubles de l’équilibre. On va alors proposer des ateliers pour maintenir les capacités actuelles afin de respecter son envie de rester chez elle et de limiter le risque de chute.
Comment se déroule une séance de psychomotricité ?
Dans un premier temps il y a bien évidemment l’accueil. La personne va se déchausser. C’est un excellent moyen de gagner en autonomie et d’apprendre à coordonner le haut et le bas de son corps.
Ensuite, on va exprimer comment on se sent. Autant moi que la personne que j’accompagne, nous allons alors parler de notre météo intérieure. Puis, il va y avoir 3 ou 4 séquences proposées au tapis, à la table selon la médiation corporelle utilisée.
La séance se déroule après un bilan indiqué par le médecin puis réalisé au cabinet ou en institution plus rarement au domicile. Nous discutons des objectifs thérapeutiques et de la façon de travailler avec la personne.
Comment accompagne-t-elle l’autorégulation ?
La psychomotricité accompagne l’autorégulation en proposant des séances pour apprendre à gérer ses émotions, ses pensées.
Par exemple, chez le bébé, cela va être sa capacité à faire un choix en tournant sa tête vers son parent. Il s’agit donc de la capacité à s’orienter de façon contrôlée et active.
Pour les enfants, cela peut être un soutien à l’inhibition motrice. Par exemple, on va proposer à l’enfant de marcher et de se figer lorsque l’on prononce « M. Stop ». Cela crée de la surprise, de la nouveauté et cela permet de gagner en flexibilité mentale.
Quel message aimeriez-vous transmettre à ceux qui ne connaissent pas encore bien la psychomotricité ?
La recherche de l’harmonie entre le corps et l’esprit prime en particulier dans la société actuelle. En effet, nous sommes happés par les écrans (télé, portable, ordinateur) et nous avons donc tendance à nous fixer, voire nous figer. Pourtant, nous avons besoin de mouvement pour nous développer, grandir et nourrir notre intelligence.
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